Sainte Émilie de Vialar
Article du 17/06/17 de diocèse d’Albi
Émilie naît à Gaillac, le 26 fructidor de l’an V (12 septembre 1797), d’une famille de la bourgeoisie locale (elle a déjà trente ans quand son père reçoit le titre de baron, qui était seulement depuis Louis XVI dans sa lignée maternelle). Sa paroisse, Saint-Pierre, est confiée à un prêtre de l’Église constitutionnelle, aussi est-elle baptisée en cachette dans la chapelle de l’hospice Saint-André.
Elle a treize ans quand sa mère meurt et elle passe deux années à Paris, dans une institution religieuse, l’Abbaye-aux-Bois.
Son éducation une fois terminée, Émilie rentre à Gaillac et accompagne souvent son père dans les visites requises par sa place dans la société à Gaillac et dans les environs.
Jeune et belle, elle prend plaisir à mettre de belles robes et des bijoux ; elle a beaucoup d’amies et d’amis de son âge et reçoit bientôt des demandes en mariage. Dans ce qu’elle a écrit elle-même, Émilie raconte comment, à cette époque de sa vie, elle a réalisé qu’elle avait une autre vocation, mais elle n’était pas encore sûre de ce que cela entraînerait pour elle. Alors que tout l’intéressait, elle ne trouvait rien qui la satisfasse entièrement.
Une « mission » prêchée dans une des paroisses de Gaillac l’a aidée à décider que toute sa vie appartiendrait à Dieu. Mais ce que cela signifiait en pratique est resté obscur pour elle. Pendant vingt ans se mûrit, avec une expérience spirituelle faite d’une alternance de ferveur et de doute, le projet de sa vie. Elle se consacre aux pauvres qu’elle reçoit dans sa maison, entraînant quelques compagnes dans une véritable organisation de la charité.
C’est avec elles qu’en 1832 elle inaugure à Gaillac une nouvelle forme de vie religieuse au service de toutes les misères et pour l’instruction des jeunes filles. La spiritualité de la Congrégation des Sœurs de St Joseph de l’Apparition est centrée sur la contemplation de l’amour du Père qui a envoyé son Fils pour que le monde ait la Vie (Jn 3, 11-17).
Ceci est fortement lié au charisme spécial de sainte Émilie, charisme qui peut être résumé en ces quelques mots :
Révéler l’immense amour de Dieu pour l’humanité et collaborer à la Mission pour laquelle Jésus est venu sur terre.
Dans la spiritualité d’Émilie comme chez saint Joseph, la prière et l’action ne sont pas comprises comme deux réalités distinctes et opposées, mais comme deux aspects de sa vie qui ne fait qu’un.
Avec le soutien de l’archevêque d’Albi, François-Marie de Gualy, l’institut de Saint-Joseph de l’Apparition va prendre un tel essor qu’il se répandra, en quelques années, sur tous les continents, car “l’esprit particulier de cette congrégation est d’exercer la charité dans les pays infidèles » (Statuts).
En 1835, c’est l’Algérie, récemment soumise par la France. Cette aventure malheureusement ne durera pas, car l’évêque d’Alger voudrait infléchir la vie religieuse dans un sens qu’Émilie ne peut pas accepter.
Mais cela n’arrêtera pas son élan missionnaire.
On appelle les Sœurs en Tunisie et dans divers pays de la Méditerranée, pour révéler par leur dévouement l’amour infini de Dieu pour l’humanité.
Quand Émilie meurt à Marseille, le 24 août 1856, les premières Sœurs arrivent en Australie.
D’autres épreuves l’attendent : l’incompréhension de nombreux Gaillacois allant jusqu’à la calomnie, les malversations de ceux à qui elle avait confié la gestion de ses biens, avec la complicité de l’une de ses sœurs, jusqu’à la réduire à l’indigence, la défection de plusieurs compagnes, tout cela l’oblige à quitter l’Albigeois pour s’établir à Toulouse, puis à Marseille, où elle rendra son âme à Dieu, le 24 août 1856, à la suite de l’étranglement d’une hernie contractée dans sa jeunesse en maniant des sacs de blé pour nourrir les pauvres.
En 1951, l’Église la proclame sainte et son corps, transféré à Gaillac en 1972, est offert à la vénération des chrétiens de la terre qui l’a vue naître. On ne peut célébrer sa mémoire le jour de sa naissance au ciel, fête de l’apôtre saint Barthélemy ; elle a été béatifiée le 18 juin 1939, qui était alors la fête de saint Ephrem ; si l’on a choisi la veille de ce jour, c’est sans doute pour ne pas priver les sœurs, nombreuses au Moyen-Orient, de la célébration du grand Docteur syrien.