Gaillac Abbatiale St Michel
Nous trouvons le nom de Gaillac en 966, dans le testament de Raimond 1er, comte de Rouergue, Alby et Quercy, duc d’Aquitaine. Il léguait divers bien à « Sancti Michealis de Gaillaco », marquant ainsi l’intérêt qu’il portait aux disciples de Saint-Benoît.
Le monastère Saint-Michel surplombait le Tarn qui coule au sud de l’abbaye. L’église abbatiale, édifiée par les moines, fut consacrée en 972 par Frotaire, évêque d’Albi.
Dans la charte de 972 apparaît aussi l’église Saint-Pierre.
Gaillac étant devenue un gros bourg, les moines créent au XIIe siècle, une nouvelle paroisse dans l’église abbatiale. Elle occupait les trois premières travées de la nef, la communauté monastique se réservant le chœur.
Les guerres de religion dévastèrent les églises de Gaillac. Le bilan fut très lourd pour l’abbatiale et le milieu du XVIe siècle vit sa ruine.
Les abbés de Saint-Michel s’employèrent à restaurer l’abbatiale durant les XVIIe et XVIIIe siècle. Un immense travail !
La Révolution de 1789 amena de nouveau le pillage de l’abbaye. L’abbatiale devint un entrepôt, magasin, fabrique de salpêtre.
Au XIXe siècle, sous la Restauration, on donne à la nef un aspect néo-classique, les murs sont peints en trompe l’œil, et en 1849, un portail néo-roman est plaqué sur la façade occidentale.
Architecture
– La tour et l’entrée latérale : à l’angle nord-ouest de l’abbatiale, la tour dans ses parties basses appartient au XIIIe siècle. L’entrée de l’abbatiale se situait primitivement au niveau de la cinquième travée. Elle a été fâcheusement obstruée.
Lorsque que l’on pénètre dans l’abbatiale Saint-Michel, avec cette fameuse nef unique du gothique méridional, on est saisi par son aspect de paix et de lumière venant d’en haut.
Il ne reste aucun vestige de l’église pré-romane.
– Le déambulatoire date du début du XIIe siècle, il dessert trois chapelles rayonnantes profondes. L’homogénéité de cette partie de l’abbatiale où le roman tardif du midi rencontre les nouvelles formes gothiques est d’un grand intérêt. Les 54 chapiteaux gothiques conduisent à dater cet ensemble de l’édifice du milieu du XIIIe siècle.
Le complet remaniement du rond-point, au XIXe siècle, empêche de saisir la progression vers le gothique propre à la construction.
– La nef, d’une imposante ampleur : 47,5m de long, large de 17 m, à 5 travées à voûtes sur croisées d’ogive dont les clés sont situées à 21 m de hauteur.
– Côté sud, aucune chapelle n’a été construite en raison de la présence du cloître monastique.
– Au nord de la première travée, voir la belle chapelle construite par Roger de Latour, abbé de Saint-Michel, au XIVe siècle, sans doute pour recevoir sa sépulture. La clé de voûte est marqué de ses armes : un écusson surmonté d’une crosse abbatiale sur laquelle est gravé une tour.
Elle s’ouvre par une merveilleuse porte aux chapiteaux gothiques, sculptés de feuillage. Au centre, pierre tumulaire d’Allemande d’Aragon. Cette chapelle accueille une statue de sainte Émilie de Vialar (1797-1856), Gaillacoise fondatrice d’une congrégation de religieuses hospitalières et enseignantes, présentes dans les cinq continents
– Sculptures
Les chapiteaux médiévaux du déambulatoires et des trois chapelles rayonnantes sont typique de la sculpture romane tardive du Languedoc Toulousain : feuilles en cannelure, fougères, trèfles, chêne, lierre ou vigne mais aussi monstres et lézards.
Chapiteaux historiés et figurés à la retombée de l’arc d’entrée de la chapelle d’axe, entre autres : Nazareth, l’annonciation… le deuxième chapiteau montre un ange aux ailes déployées, l’annonce faite aux bergers, le troisième un personnage tenant un livre.
– Retable de la première chapelle nord, en bois sculpté, peint et doré.
Un compartiment délimité par deux colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens. Au centre, toile représentant la Crucifixion.
Couronnement : entablement avec corniche cintrée au-dessus de la toile, dans le tympan un angelot.
Frise décorée d’une guirlande de fleurs. [1]
– Mobilier
Statue de la Vierge, en bois polychrome, très élancée d’une hauteur de 0,97m, elle se rattache à l’école auvergnate : dans son rayonnement ce visage de Marie marque la fin de la sculpture gothique et annonce celle du XIVe siècle. La main droite mutilée, portait peut-être un spectre.
Le bénitier : œuvre la plus ancienne, cuve circulaire assez profonde, décor d’oiseaux pris dans un réseau de tiges et de fleurons.
Haut-relief dans la chapelle à droite de la chaire, très belle sculpture en pierre œuvre du « maître de Belcastel », sculpteur en Rouergue, première moitié du XVe siècle.
Le maître autel est une reproduction fidèle de celui édifié par Lucas dans l’église Saint-Pierre des Chartreux à Toulouse en 1785
– Les tableaux
Le Christ en croix d’Antoine Rivalz (1667-1735) encadré dans le retable des fonds baptismaux.
Dans la nef :
Saint Vincent de Paul prenant les fers d’un galérien de Fortuné Dufau (1770-1821), élève de David.
Judith de Louis Boulanger (1806-1867)
Saint Sébastien détaché par de saintes femmes d’Eugène Dévéria (1805-1865)
– Vitraux
Les 7 verrières évoquent les sept sacrements (atelier d’Angers)
Sur la façade principale un vitrail de 1987 de P.-E. Brouard de Gaillac reprèsente le livre de l’Évangile à travers les symboles des quatre évangélistes.
– Orgue de Dominique Cavallié-Coll (1824)
[1] Dans À la découverte des retables tarnais par Sylvie Soukovatoff sous la direction de Jean le Pottier – Archives et patrimoine 1992.