Homélie de la Veillée Pascale Année A du 11 avril 2020
Homélie de la Veillée Pascale Année A du 11 avril 2020
1ère Lecture : Genèse (1,1 – 2,2) / 2è Lecture : Exode (14,15 – 15,1a) / 3e Lecture : Ezékiel (36, 16-17a. 18-28) /
Psaumes : 103 ; Cantique de Moïse ; 41 ;
4e Lecture : Romains (6, 3b-11)
Evangile : Saint Mathieu (28,1-10)
La place de la femme dans l’œuvre du Salut de Dieu !
Chers frères et sœurs bien-aimés,
En cette nuit de Pâques, Dieu met en lumière la place de la femme dans son œuvre de salut. Nous savons tous qu’il a annoncé la naissance de son Fils à une femme, Marie, et sa résurrection en cette nuit de Pâques, est maintenant annoncée en premier à des femmes. Finalement, nous comprenons tous, que Dieu ne peut rien faire, sans les femmes.
Bravo les femmes ! Vous êtes bénies entre tous les humains et les hommes qui vous aiment en profitent ! Même en tant que curé à Gaillac, je ne peux rien faire sans vous ! Merci de tout cœur, à chacune d’entre vous, qui soutenez notre mission pastorale, avec quelques hommes quand même !
Je le dis avec toute la joie de Pâques qui explose dans mon cœur, parce que ce sont les femmes qui sont avant-gardistes de la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ, en cette nuit sainte qui va bouleverser toute l’histoire de l’humanité.
En effet, l’évangile que l’Eglise nous propose de méditer pendant la viellée pascale, nous dit qu’aux premières lueurs du jour, ce sont d’humbles femmes – dont Marie-Madeleine -, qui sont les premières à se rendre au tombeau.
Alors que les hommes qui avaient été proches de Jésus durant son ministère, étaient – soit, écrasés par la douleur et paralysés par la peur, soit, découragés par la mise à mort de leur maître -, ce sont des femmes qui avaient certainement accompagné Jésus sur les routes de Galilée et de Judée, qui l’ont encore suivi jusqu’au Calvaire. Ce sont elles qui ont encore et encore de l’énergie, du courage, de l’amour surtout, pour se présenter au tombeau et continuer de manifester – à leur manière et par les rites funéraires de l’époque – combien Jésus continuait de les animer, de remplir leur cœur d’un élan d’amour.
Nous avons là une donnée historique de notre tradition qui devrait nous surprendre et nous faire réfléchir plus qu’elle ne le fait. En effet, dans le monde où elles vivaient, Marie-Madeleine et les autres femmes qui suivaient Jésus, n’avaient pas une forte reconnaissance sociale. On se tournait bien peu vers les femmes pour connaître leurs opinions, pour leur demander de témoigner dans les procès, pour jouer un rôle majeur dans quelque évènement de la vie publique.
Ainsi donc, si saint Matthieu que nous lisons pendant la veillée pascale de l’année liturgique A – et les autres évangélistes sont tous d’accord avec lui -, ose affirmer que ce sont des femmes qui ont été les premiers « témoins », les premières messagères de la Résurrection, c’est certainement parce que c’est vrai, c’est historique. Sinon, pourquoi les premiers chrétiens auraient-ils donné un rôle si majeur, si essentiel, pour fonder la foi des siècles à venir, à des femmes, à des personnes auxquelles on n’accordait pas beaucoup de crédit dans la société d’alors, si ce n’est justement parce que c’est ce qui est arrivé.
C’était tout simplement vrai : Jésus ressuscité s’est d’abord manifesté à des femmes – elles qui l’avaient sans doute mieux compris que bien des apôtres, elles qui l’avaient écouté et qui avaient appris à l’aimer, même aux moments des épreuves, même au long du chemin de Croix jusqu’au Golgotha, même au-delà de la mort.
C’est à elles que le message de la Résurrection est d’abord confié. C’est leur témoignage qui « réveillera » les apôtres, même Pierre et Jean, qui, ensuite, iront au tombeau et se laisseront ouvrir l’esprit et le cœur, pour comprendre que Jésus était véritablement toujours vivant.
Finalement, l’annonce de la Résurrection du Christ, à des femmes, au matin de Pâques, au 1er siècle, porte deux messages importants pour nous, en cette nuit pascale, 20 siècles plus tard.
D’abord, à un premier niveau, il nous faut reconnaître le rôle central des femmes dans notre histoire chrétienne, depuis le 1er matin de notre nouvelle ère, celle du Christ Ressuscité.
Ce rôle a été bien souvent discret, portant la foi, transmettant la foi au cœur des familles, en vivant au quotidien le message d’amour de Jésus, en se donnant, corps et âme, pour ceux et celles qu’elles ont aimés. De ce point de vue, il nous faut aussi reconnaître qu’aujourd’hui encore, la vie de bien des communautés chrétiennes de par le monde, le dynamisme des associations caritatives d’inspiration chrétienne, la transmission de la foi par la catéchèse, tout cela repose sur les engagements indéfectibles, courageux, fidèles d’un grand nombre de femmes.
Ensuite, à un deuxième niveau plus large, nous pouvons aussi comprendre que si le Christ a confié d’abord à des femmes le message central qui fait notre foi : « Je suis vivant », alors, nous devons aussi accepter que le message de la Résurrection ébranle encore aujourd’hui bien des conventions, des préjugés, des manières de voir qu’on dit traditionnelles, mais qui ne sont certainement pas ancrées dans la tradition de renouveau qu’apporte la nouvelle Vie du Christ au monde.
Enfin, si nous comprenons l’importance de ce fait : ce sont d’abord des femmes qui ont porté le message le plus important de l’histoire du monde, selon notre foi, alors, nous ne pouvons plus accepter que les femmes soient traitées comme des personnes de seconde zone, que leurs opinions soient reléguées au second rang, qu’elles ne soient pas éminemment respectées dans leur dignité, dans leur corps et dans leur âme. C’est d’ailleurs pourquoi, le Pape François nous a encouragés à leur laver désormais les pieds le jeudi saint, et en a plusieurs fois déjà donné l’exemple lui-même.
Frères et sœurs bien aimés, en cette nuit de Pâques, nous pouvons simplement retenir que la Parole de Dieu nous invite à comprendre, entres autres, que la Résurrection du Christ, nous appelle à des changements de perspectives sur la manière dont nos sociétés et nos communautés paroissiales sont organisées, trop souvent bâties autour des notions « masculines » de l’autorité, alors que la reconnaissance des charismes des femmes nous orienterait vers des sociétés et des communautés chrétiennes où les personnes, l’amour des personnes, serait au cœur de notre vie commune.
Que cette méditation de la Résurrection du Seigneur en cette veillée pascale, en contexte de confinement, nous aide à nous éveiller aux signes de Dieu dans notre vie de tous les jours, à changer nos manières de voir, comme Marie-Madeleine et les autres femmes, qui sont allées au tombeau, à voir plus clair, à entendre le message de VIE que Jésus nous partage, et à l’entendre avec le cœur rempli d’espérance, tout particulièrement en cette nuit de Pâques.
AMEN !