Homélie de la messe du jeudi saint à Lourdes
par Blandine · Publié · Mis à jour
JEUDI SAINT A LA GROTTE DE MASSABIELE DE LOURDES
INTRODUCTION À LA MESSE
Bien-aimés de Dieu.
En entrant dans le monde pour accomplir son œuvre de rédemption, Jésus s’est défini Serviteur de Dieu et des hommes. Serviteur, il l’a été éminemment de son Père, des Apôtres et de tous ceux qui l’ont approché, à commencer par les pauvres, les malades, et les déshérités.
Frères et sœurs en humanité, vous que nous rejoignons ce soir par TV Lourdes pour célébrer depuis la Grotte de Massabielle, l’Eucharistie et le sacerdoce, dons de Jésus pour son Église.
Avec Marie sa mère et notre Mère, commençons le Triduum pascal et entrons-en nous-mêmes pour reconnaître au début de cette célébration que nous avons besoin de la miséricorde de Dieu pour le pardon de nos péchés.
HOMELIE
Bien-aimés de Dieu.
Les lectures de ce soir nous décrivent deux repas : celui des Juifs qui faisaient mémoire de la libération d’Égypte, puis celui du Jeudi Saint, au cours duquel Jésus se désignait comme le libérateur définitif. La messe de ce Jeudi Saint et les célébrations de ces trois jours à venir nous rappellent que nous sommes sauvés par le Christ Jésus. Mieux, elles réinstallent dans le monde la libération.
Avec l’Évangile de ce soir, nous sommes mis en présence du Christ qui lave les pieds de ses disciples. Il se met à leurs pieds pour accomplir le geste qui, normalement était confié à l’esclave.
Nous contemplons donc un Dieu en tablier qui est à l’opposé de l’image que, trop souvent, nous nous faisons de lui : un Dieu très haut. À travers son Fils Jésus, il nous montre qu’il n’est pas un dieu dominateur mais le Dieu Serviteur des hommes; le Très-Haut mais aussi le Très-proche. Ce qui aurait été normal, c’est que Jésus se fasse laver les pieds. Or c’est tout le contraire qui se passe. Lui, le Maître et Seigneur, se met à genoux devant ses disciples. Il voulait leur faire comprendre jusqu’où allait son amour. Il voulait leur montrer qu’il les aimait assez pour se mettre à leur service.
Et Jésus termine son service en disant : « c’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez comme j’ai fait pour vous. »
Frères et Sœurs. Aucune parole ne pouvait mieux que ce geste de Jésus et le commentaire qu’il en fait lui-même, mettre en lumière le lien entre les trois grands mystères que nous célébrons aujourd’hui et qu’il ne faut jamais séparer : l’Eucharistie, la charité fraternelle, et le sacerdoce chrétien.
En effet l’Eucharistie, c’est le don que nous fait de lui-même notre Dieu incarné qui veut demeurer toujours au milieu de nous. Dans l’Eucharistie, Jésus nous donne sa présence cachée et silencieuse sous les apparences les plus humbles, pour permettre à tous les siens, surtout les plus pauvres, de vivre un cœur à cœur avec lui dans l’adoration de son Père.
Cette présence au milieu de nous du Fils de Dieu incarné dans l’acte du plus grand amour exige entre nous des rapports tout à fait nouveaux. Il s’agit d’une charité fraternelle à la ressemblance de Jésus lui-même. Autrement dit une charité dans laquelle les plus petits et les plus souffrants ont toujours la première place; les plus doués, les plus puissants, sont les serviteurs des plus faibles; et tous aiment à s’effacer les uns en face des autres.
L’Eucharistie et la charité fraternelle impliquent un sacerdoce tout nouveau, où le prêtre n’est pas un maître, un chef, un directeur comme dans les entreprises et les assemblées humaines, mais un humble ministre des sacrements qui prépare les fidèles à recevoir l’Eucharistie, et qui se met au service du sacerdoce royal de tous les baptisés pour qu’ils puissent tous ensemble, avec lui, en Jésus et par Jésus être médiateurs entre le monde et le Dieu d’amour.
Frères et sœurs. Jésus nous montre ce soir le chemin du service, et de l’abaissement. Saint Paul l’exprime en conseillant de considérer les autres comme supérieurs à soi. Laisser la place à la parole de l’autre, à son désir s’il est juste, obéir même si notre premier élan serait autre. Ce sont là des sentiers de charités fraternelles que nous pouvons aujourd’hui parcourir avec celui qui s’est fait Serviteur.
Les disciples n’ont certainement pas compris sur le coup. Ce que Jésus nous demande, et que Pierre a eu du mal à accepter, c’est de nous laisser aimer par lui ; c’est là un premier pas. Il nous demande ensuite et surtout d’aimer comme lui, avec la même radicalité et le même absolu. En clair nous sommes invités à nous mettre aussi en tablier pour servir nos frères et sœurs.
Pensons et prions ce soir pour les personnes qui expriment leur foi par le service de leurs frères et sœurs. Pensons et prions certes pour nous vos prêtres et aux personnes consacrées mais aussi pensons à des personnes proches de nous : les éducateurs qui font souvent preuve d’une grande patience, les animateurs d’associations qui donnent beaucoup de leur temps, les soignants qui se dévouent sans bruit auprès des malades. Les exemples ne manquent pas surtout par ces temps qui courent. Toutes ces personnes et bien d’autres nous montrent que le Christ fait passer de la mort à la Vie.
En ce jeudi saint, nous sommes invités à élargir notre regard à la dimension de celui de Jésus, un regard solidaire de tous ceux qui nous entourent, en particulier ceux qui sont bouleversés par la situation sanitaire actuelle, les malades, les personnes âgées, les victimes de la précarité et de l’exclusion, les victimes de la haine et de la violence des hommes. L’Eucharistie que Jésus nous a donnée trouve son accomplissement quand elle est suivie du service des frères et sœurs en humanité. Faire mémoire du Christ c’est aussi le suivre dans ce don qu’il fait de lui-même jusqu’au sacrifice de sa vie car « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime. »
Prions pour chacun de nous, que la grâce de cette Eucharistie fasse de nous de véritables serviteurs de Dieu et des hommes. Et que nous gouttions à la joie de tout donner.
« Père très Saint, avant de s’offrir à toi, ton Fils a voulu laver les pieds de ses disciples pour nous donner un exemple d’amour et de service fraternel; accueille l’offrande de notre vie; et pour que nous rentrions vraiment dans le sacrifice du Christ, accorde-nous le même esprit d’humilité et de service. Toi qui es vivant pour les siècles des siècles. »
Amen