Assemblée générale Hospitalité de Notre Dame de Lourdes
AG de la section gaillacoise de l’Hospitalité / Dimanche 15 janvier 2017
La conversion
Nous fêterons la Conversion de St-Paul le 25 janvier prochain.
Le rendez-vous annuel avec cet événement m’a interpellé. En effet, notre Dame de Lourdes ne nous demande-t-elle pas, depuis ses apparitions en 1858, de nous transformer en pèlerins pour nous convertir ? Mais cette conversion, si ardemment souhaitée, ne prend pas nécessairement la même forme que sur le chemin de Damas. C’est même rarement le cas, sinon cela se saurait. Ne faudrait-il pas plutôt parler de conversions au pluriel ? Notre vie de croyant ne progresse-t-elle pas à coup de mini-conversions ? Et, avant d’atteindre notre cœur n’est-ce pas notre regard qui laborieusement se convertit pour mieux voir au-delà des apparences ? N’oublions pas que Paul a été atteint de cécité avant tout le reste ! Des sortes d’écailles ont obstrué sa vue. Comme nos yeux sont parfois obstrués par notre orgueil, notre suffisance, notre certitude, notre intérêt, notre manque d’amour,…
Par contre, comme pour Paul, il nous faut être en chemin pour être saisi, retourné. Peut-il y avoir conversion sans déplacement, et même, sans changement de direction : Paul est parti pour persécuter les chrétiens et il est reparti dans une autre direction pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Tout chrétien en mouvement cherche à se convertir. Au moment de préparer le sacrement de réconciliation nous nous rendons compte de la distance qui nous sépare des attentes de Dieu et de celle qui nous sépare des autres. Pour déclencher ou accélérer notre conversion nous avons besoin de convertisseurs. Qu’est-ce qu’un convertisseur ? Anne et moi avons débuté notre vie professionnelle dans la sidérurgie. Cette industrie « lourde » fabrique de l’acier pour tous les usages nécessitant résistance et durabilité. Mais, pour transformer la fonte, matériau cassant obtenu à partir du minerai de fer, en acier avec toutes ses qualités mécaniques, il faut passer par le convertisseur. Ce convertisseur est une grosse machine ou plutôt un très gros cigare dans lequel on verse la fonte en fusion et qui tourne sur lui-même un peu comme une toupie à béton mais avec d’autres mensurations. Pour que la « conversion » s’opère il faut pendant un long temps de rotation envoyer, à l’aide d’une lance, de l’oxygène pur dans le métal en fusion. J’évoque cette image pour vous montrer l’importance du souffle. Là de l’oxygène et ici, pour nous, l’Esprit-Saint. Car c’est l’Esprit-Saint qui nous donne cette capacité, cette aptitude à recevoir le message de Dieu. Ce message qui contient ce que Dieu attend de nous pour Lui et pour nos frères.
Maintenant que nous savons que nous avons besoin de convertisseurs, qui sont-ils ? Où les trouve-t-on ? Chacun de nous, en faisant silence dans son cœur, peut en faire la liste : parents, éducateurs, amis, collègues de travail, prêtres et chrétiens pratiquants, personnes engagés dans la vie sociale,…Ce sont ceux-là qui nous viennent le plus souvent à l’esprit. Ce sont ceux-là qui, peut-être, nous ont fait passer d’une foi d’enfant à une foi d’adulte. Mais, pour nous hospitaliers, nous avons des convertisseurs puissants (dans leur vulnérabilité) en chaque malade. Nous les rencontrons à l’occasion de notre pèlerinage annuel à Lourdes ou à l’occasion des visites que nous effectuons tout au long de l’année chez eux ou dans les établissements de santé. En étant attentifs, et surtout en étant pauvres de cœur, c’est à dire dépouillés de tout ce qui nous encombre : nos soucis, nos envies, notre confort, nos certitudes, notre respect humain, nous pouvons être « convertis » par ceux-là qui aux yeux de notre société paraissent les plus à plaindre !
Alors, ce qu’il nous faut invoquer c’est l’Esprit Saint pour que, par notre prochain et surtout par nos pèlerins diminués, nous nous convertissions.
Et, si nous cherchons une feuille de route pour y parvenir, relisons et intégrons les 8 paroles qui nous conduiront à l’éternité : les béatitudes !
Nos malades ne sont-ils pas pauvres de cœur, non-violents, miséricordieux, souvent ils pleurent, ils ont faim de sainteté, de justice et de paix. Et leur cœur, au bout de leur chemin de souffrance, ne devient-il pas « transparent » ?
N’oublions pas de dire merci, dans nos prières, pour ces convertisseurs de cœur et d’esprit. Ce sont eux qui nous montrent le chemin de la sainteté. Saint-Paul disait : « c’est quand je suis faible que je suis fort ! ». Accompagnons nos frères et sœurs, marqués par la souffrance, sur leur chemin de croix. Mais faisons-le debout, en tenue de service, avec l’aide de la Vierge Marie, qui nous a dit le jour des noces de Cana, marquant le commencement des signes accomplis par Jésus : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
Jean-Max